Hôtel Patient / hôtel hospitalier : encore un peu de patience, ils arrivent !

Face à la poussée de l'ambulatoire, les hôtels patients se concrétisent et sont en phase de test dans différentes régions françaises

Publié le 21 octobre 2020

Innovantes, ces structures devraient se développer concrètement à compter de 2021. Décryptage.

Hôtels patient : un concept innovant

Nés il y a environ 25 ans dans les pays scandinaves, les hôtels patients sont en cours de développement, aujourd'hui, en France. Il s'agit d'un nouveau modèle d'hébergement des patients, non médicalisé. Les hôtels patients accueillent des patients autonomes, dont l'état de santé ne nécessite pas de surveillance continue. Ces derniers restent cependant à proximité d'un établissement de santé.

Les hôtels patients offrent un environnement plus confortable que l'hôpital. C'est un lieu où les patients peuvent retrouver leur autonomie à leur rythme et dans les meilleures conditions possibles. Recommandées par l'HAS (Haute autorité de santé), ces structures désengorgent également les établissements hospitaliers et libèrent ainsi des lits nécessaires aux soins aigus.

L'expérimentation des Hôtels patient en France

Le décret du 12 décembre 2016 a officiellement lancé la phase de test des Hôtels patient, en France. Au total, 41 sites ont été autorisés à lancer ce programme pour une durée de 3 ans. Parmi eux, une trentaine se sont finalement lancés dans l'expérimentation.

Selon le rapport d'évaluation rédigé par le Ministère des Solidarités et de la Santé, le bilan de cette expérimentation est plutôt positif.

Dans ce document officiel, le Ministère formule 6 recommandations pour la poursuite de l'expérimentation et pour un potentiel déploiement généralisé :

  • Promouvoir ces hôtels comme alternative à l'hospitalisation complète
  • Consolider les démarches qualitatives et de sécurité des soins
  • Lever les freins au développement de cette solution
  • Développer une méthode d'évaluation des impacts organisationnels du dispositif
  • Identifier un modèle économique, pour accélérer le développement de ces structures, les expérimenter et viser une généralisation dès le PLFSS[1] pour 2021.

Hôtels patient : un déploiement, en douceur

Au point de vue quantitatif, le déploiement des hôtels patient se déroule plus lentement que prévu. Avec 4.009 séjours concernés sur 16.000 attendus et 12.800 nuitées effectuées sur 35.000 attendues, les auteurs du rapport soulignent qu'en 2017, les résultats sont en deçà des ambitions de départ. Toutefois, les auteurs notent une progression de l'activité en 2018 avec 7.767 séjours concernés et 17.505 nuitées assurées, ce qui représente 31% des objectifs.

Sur la totalité des établissements, cinq comptent à eux seuls 75% de l'activité. Il s'agit de Gustave Roussy à Villejuif, de l'Hôpital Foch à Suresnes, de la Fondation Ildys dans le Finistère, du centre Léo Bérard à Lyon et enfin, du CHU de Toulouse. Certains de ces établissements avaient, par ailleurs, déjà déployé un service similaire depuis quelques années. Le rapport souligne également qu'exceptés ces sites expérimentateurs qui constituent les « têtes de pont », l'activité reste encore relativement faible sur les autres sites.

Des patients satisfaits, pas d'événements indésirables

Toujours selon le rapport ministériel, le taux de satisfaction des patients ayant expérimenté ces nouvelles structures est particulièrement élevé. Il oscille en effet entre 90 et 95% pour une majorité d'expérimentateurs. Ces derniers se disent satisfaits à la fois de l'accueil, de l'information, de l'accompagnement, mais aussi de la prise en charge de la douleur et de l'anxiété, du confort de l'hébergement et de la qualité de la restauration.

Selon les auteurs du rapport, la grande majorité des établissements indique qu'il n'y a pas eu d'événement indésirable à signaler. De même, pas de recours aux services d'urgence de l'établissement, ou de réhospitalisation non prévue dans les 24 heures.

Bien que, les impacts en matière d'organisation ne soient pas totalement objectivés par les expérimentateurs, le potentiel du dispositif est réel. En particulier, sur l'optimisation des durées moyennes de séjour, sur le développement de l'ambulatoire et sur les économies de transport sanitaire. Le centre Léon Bérard précise d'ailleurs que le dispositif hôtels patient a permis d'éviter 1.532 transports, soit 124.000 kilomètres pour 2.051 nuitées en 2018. Dans le même temps, Gustave-Roussy estime que 1.484 transports aller-retour ont été évités pour 5.639 nuitées.

Un modèle financier à affiner

Sur le plan financier, le modèle économique qui a permis de lancer l'expérimentation semble atteindre un « effet de seuil ». Il doit donc être affiné pour assurer le développement durable des Hôtels patient, ces prochaines années.

La dotation du FIR (Fonds d'intervention régional) à hauteur de 25.000€ par an a permis de couvrir directs liés à la mise en œuvre de l'expérimentation, lors de la phase de lancement et de montée en charge. Les auteurs du rapport soulignent par ailleurs que si l'accompagnement financier accordé - notamment via l'assurance maladie - participe au développement de cette alternative, à moyen terme, des transformation structurelles doivent être envisagées au sein de ces établissements afin d'en soutenir le modèle économique.

Au final, deux principaux vecteurs de succès de la mise en œuvre des hôtels patient apparaissent : la dynamique interne de l'établissement et l'expérience patient. Le rapport identifie également quatre freins. D'abord, une trop faible visibilité. Le dispositif reste en effet relativement méconnu des professionnels et du grand public. De plus, pour le moment, le modèle économique est jugé comme peu incitatif. Ensuite, la mise en place des différents aspects logistiques doit être plus cohérente avec le parcours patient. Enfin, l'absence d'interopérabilité des systèmes d'information avec les partenaires représente également un frein au développement des hôtels patient.

Après l'expérimentation qui avait fait l'objet d'un appel à projet, le concept d'Hôtel patient devrait passer prochainement en mode déploiement. De quoi apporter une réponse à la montée en puissance de l'ambulatoire et du concept d'hôpital sans lit. Ce développement est intégré comme une des mesures du Ségur de la Santé et son modèle économique, clé de son succès, sera finalisé prochainement.

[1] projet de loi de financement de la sécurité sociale


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