Rapport Gallez sur l'accueil des personnes âgées et handicapées Françaises en Belgique :

Les objectifs du rapport et les priorités définies

Publié le 03 mars 2009

A l'initiative du rapport :

Le 5 février 2008, à la demande de Valérie Létard secrétaire d’Etat à la solidarité, Cécile Gallez, députée du Nord, s’est chargée de mener un travail portant sur l’ampleur et les raisons des placements de personnes âgées et de personnes handicapées françaises en Belgique. Il s’agit de comprendre les raisons de l’attrait des structures belges d’hébergement pour les personnes âgées et handicapées Françaises.

Environ 6 500 personnes handicapées et environ 1600 personnes âgées françaises seraient aujourd’hui accueillies dans les établissements belges.

Dans un premier temps ont été abordées les raisons qui conduisent les familles françaises à recourir à cette solution :

  • La proximité géographique et linguistique des deux pays (tout particulièrement avec Wallonie).
  • Préférence pour les méthodes de prises en charge existantes en Belgique. Notamment en ce qui concerne l’autisme.
  • Carence de l’offre de prise en charge en France; certaines familles sont obligées de trouver des solutions ailleurs.

L’objectif du rapport était triple :

1)Mesurer l’ampleur des efforts à accomplir en France pour développer une offre de places suffisante ;

2)S'inspirer des bonnes pratiques en Belgiquepour améliorer qualitativement nos propres prises en charge;

3)Enfin, mettre en place les conditions d’un véritable libre choix. Il ne s’agit pas de contraindre des familles à renoncer à l’accueil en Belgique quand il s’agit d’un choix qui leur donne satisfaction.


Selon Cécile Gallez: les propositions doivent s’articuler autour de 4 priorités pour les pouvoirs publics français et belges:

1)Mieux connaître les personnes accueillies en Belgique;

2)Garantir le libre choix d’une prise en charge de qualité;

3)Faciliter la vie des personnes qui, par choix ou - pour l’instant - par défaut, sont accueillies en Belgique ;

4)Renforcer et améliorer l’offre de prise en charge en France.


L’analyse des carences de la situation actuelle interpelle tout le champ du médico social.

Valérie Létard, et Didier Donfut, Ministre wallon de la Santé, l’Action sociale et l’Egalité des chances, veulent désormais mettre en en place une coopération renforcée qui sécurise l’accueil de ces publics tout en respectant leur libre choix.

La confrontation des pratiques des deux côtés de la frontière sera doublement bénéfique car :

  • D’une part, elle montre d’autres façons d’appréhender la prise en charge des personnes fragiles.
  • D’autre part elle pousse à accentuer notre effort sur l’ensemble de notre territoire, afin que les personnes âgées et handicapées puissent arriver à trouver des solutions d’hébergement à proximité de leur famille et de leur environnement habituel. Car un enfant autiste notamment besoin non seulement d’une prise en charge adaptée, mais aussi de ne pas être coupé de ses proches par un trop grand éloignement géographique.

Le Gouvernement reste mobilisé et promet que la crise économique ne ralentira pas cet effort, parce que la protection des plus faibles reste, dans le contexte actuel, une exigence ardente.


Analyse de la situation et constats

1)Mieux connaître les personnes accueillies en Belgique :

Le Constat :

Le nombre exact de personnes handicapées et âgées françaises prises en charge dans des établissements belges n'est pas connu, parce que les prises en charge en Belgique sont décidées et financées par de multiples acteurs, qui ont tous leurs propres données mais ne les partagent pas.

Il y aurait :

  • Environ 1 900 enfants handicapésaccueillis en établissements spécialisés.
  • 2 920 jeunes enfants accueillis dans l'enseignement spécialisé belge (Originaires en grande majorité des départements frontaliers de la Belgique : 59 % des enfants sont originaires du Nord, 13 % du Pas-de-Calais, 14 % d'Ile-de-France.)
  • Environ 1 800 adultes handicapés pris en charge dans des établissements belges, mais leur recensement est difficile, car leur prise en charge relève soit de l'assurance maladie soit des Conseils généraux.
  • 1575 personnes âgées accueillies dans les maisons de retraite belges, mais ce chiffre date de 2005.

68 % de l'ensemble des personnes handicapées (enfants et adultes) accueillies sont originaires du Nord Pas de Calais. Mais près de la moitié des départements français (48 sur 100) ont passé des conventions individuelles avec des établissements belges.

Il est notamment difficile de connaître le niveau de dépendance de ces personnes car le mode de cotation belge est différent du système français de GIR.

=>Mieux connaître le nombre de personnes handicapées et âgées accueillies sur le sol belge nous permettra de mieux calibrer l'effort de création de places en France. C'est particulièrement important pour des régions comme le Nord-Pas-de-Calais, la Lorraine ou l'Ile de France.


2)Garantir le libre choix d'une prise en charge de qualité :

Le Constat :

La volonté commune, Belges et Français, de travailler ensemble sur une prise en charge de qualité. Il s'agit de s'inspirer des bonnes pratiques de prises en charge des personnes handicapées et des personnes âgées, de chaque côté de la frontière.


3)Faciliter la vie des personnes qui, par choix ou - pour l'instant - par défaut, sont accueillies en Belgique :

Le Constat :

La complexité de la procédure administrative de prise en charge des personnes auprès des autorités locales françaises peut conduire à ce que leur suivi soit mal assuré.


4)Renforcer et améliorer l'offre de prise en charge en France :

Le Constat :

Il est nécessaire d'accroître l'offre de places en France et d'offrir aux familles d'autres types de prises en charge qu'elles ne trouvent aujourd'hui qu'en Belgique.

Les mesures prises vont dans le sens d'un renforcement majeur de l'offre et de la qualité de la prise en charge des personnes âgées et handicapées.



Les mesures prises s'articulent autour de 4 priorités:

1)Mieux connaître les personnes accueillies en Belgique :

La mesure décidée :

Une centralisation de l'information sur les personnes âgées dépendantes et handicapées de nationalité française accueillies en Belgique auprès d'une autorité belge et d'une autorité française unique.

(Les informations étaient auparavant éparpillées entre de multiples acteurs). Au niveau français, cette autorité reste à définir. Mais la tâche pourrait incomber à la CNSA qui est déjà chargée du pilotage national de notre politique médico-sociale et de la répartition des enveloppes de créations de places en établissements.


2)Garantir le libre choix d'une prise en charge de qualité :

La mesure décidée :

La conclusion d'un accord-cadre entre la France et la Région wallonne avec 2 objectifs :

  • Mieux coordonner les échanges de données :
  • en instaurant un système de déclaration, par les établissements wallons, des débuts et des fins de prise en charge. Ces données, centralisées par l'AWIPH, sous forme d'une base de données, seraient ensuite transmises aux autorités françaises.

  • Mieux coordonner l'inspection des établissements entre les autorités belges et les autorités françaises.
  • Dans le but de Garantir la qualité de la prise en charge des résidents français et organiser cette prise en charge en toute transparence. Un groupe de travail transfrontalier va être mis en place très prochainement pour travailler sur cet accord.


3)Faciliter la vie des personnes qui, par choix ou - pour l'instant - par défaut, sont accueillies en Belgique :

La mesure décidée :

Un groupe de travail chargé de réfléchir à une simplification de cette procédure administrative sera mis en place. Il aura pour priorité de garantir aux personnes leur libre choix et de faciliter leurs démarches.

  • Pour les personnes orientées vers un établissement financé par l'assurance maladie : Centralisation de la procédure de conventionnement auprès de la même autorité locale référente, d'une part, centralisation des autorisations et paiements des prises en charge par un même organisme, d'autre part.
  • Pour les personnes orientées vers un établissement financé par les départements : proposition aux Conseils généraux qui le souhaitent de conventionner globalement avec les établissements belges en s'appuyant sur une convention-type. Cette convention type s'inspirera des bonnes pratiques existantes. On peut citer notamment l'exemple du Conseil général des Ardennes qui a conventionné directement avec l'agence wallonne pour l'intégration des personnes handicapées (AWIPH).

4)Renforcer et améliorer l'offre de prise en charge en France :

Les mesures déjà engagées :

=>un renforcement majeur de l'offre et de la qualité de la prise en charge en France est nécessaire. Il s'agit d'accroître l'offre de places en France, mais aussi d'offrir aux familles d'autres types de prises en charge qu'elles ne trouvent aujourd'hui qu'en Belgique. Dans ce domaine les mesures ont trois visées :

  • l'amélioration de la prise en charge des personnes handicapées
  • l'amélioration de la prise en charge des personnes âgées
  • l'amélioration de la qualité de la prise en charge


Les mesures

Dans le domaine du handicap:

  • 38 490 places nouvelles en établissements et services pour personnes handicapées ont été financées depuis 2005 par l'Etat et l'assurance maladie
  • Le plan pluriannuel de créations de places (1,45 milliards d'euros) va permettre d'engager en 5 ans la construction de 50 000 places. Parmi elles, 4 100 places sont destinées aux personnes autistes et 3 700 places en faveur du polyhandicap.

    =>Le plan de créations de places s'est d'ores et déjà traduit en 2008 par le financement de 9 625 places nouvelles, auxquelles s'ajouteront en 2009, 6 925 places supplémentaires. Le plan de relance va en outre permettre d'accélérer la construction de ces places, grâce à une aide à l'investissement portée à 85 millions d'euros pour 2009.

  • Dans le Nord Pas de Calais, un plan d'urgence pour les personnes handicapées est mis en place depuis 3 ans : avec 6 millions d'euros, il a permis de porter les créations de places dans la région à 1400 sur 3 ans.

Il est nécessaire de poursuivre encore cet effort de rattrapage de l'offre dans le Nord-Pas-de-Calais.

La mesure décidée:

Le Nord-Pas-de-Calais va bénéficier d'une prolongation d'un an du plan d'urgence, doté de 2 millions d'euros.


Dans le domaine des personnes âgées:

  • Au niveau national le rythme de créations de places de maisons de retraites médicalisées (EHPAD)va être porté de 5000 en 2007 à 7500 en 2008. Grâce au plan de relance12 500 places nouvelles seront crée en 2009.
  • S'agissant du Nord-Pas-de-Calais, afin de rattraper son retard, la région a bénéficié d'une enveloppe de 712 places en 2008, pour un montant total de 20 millions d'euros.

Les mesures décidées :

Le Nord-Pas-de-Calais va bénéficier en 2009 de 1200 places nouvelles, soit l'équivalent de 14/15 maisons de retraites supplémentaires.

Il va être proposé aux conseils généraux concernés d'expérimenter une démarche de gestion des listes d'attente en EHPAD, afin de ne plus laisser les familles seules face à leur recherche de place.


Sur le plan qualitatif :

  • Le plan autisme, annoncé le 16 mai dernier, met fortement l'accent sur le développement de prises en charges éducatives et comportementales qui n'existaient pas jusqu'ici en France, mais que nos voisins belges connaissent déjà depuis plusieurs années.
  • La première structure expérimentale inspirée de ces prises en charge a été inaugurée dans le Nord à Villeneuve d'Ascq.
  • Plusieurs autres structures expérimentales sont en cours d'instruction dans le Nord, certaines intégrant une dimension de coopération transfrontalière, et 11 sont en cours d'agrément sur la région parisienne.
  • Enfin le professeur Magerotte, président du service universitaire spécialisé pour personnes avec autisme de l'Université de Mons Hainaut est associé aux travaux menés par l'agence française de l'évaluation sociale et médico-sociale. (ANESMS). Ils mèneront ensemble une réflexion sur les bonnes pratiques de prise en charge de l'autisme.

Les mesures nouvelles:

Un processus de rénovation des règles de fonctionnement des établissements qui accueillent des personnes handicapées va être entamé. C'est un chantier considérable qui doit permettre d'adapter notre réglementation aux évolutions des prises en charge.

En outre, un récent décret encadrant le fonctionnement des établissements qui accueillent des personnes très lourdement handicapées va permettre de préciser les obligations des structures en matière de composition de l'équipe pluridisciplinaire, de qualité de vie, de droits des personnes accueillies ou encore de continuité de l'accompagnement.

Enfin, la Direction générale de l'action sociale va entamer la rénovation de l'ensemble des textes qui gouvernent les établissements pour enfants handicapés, pour qu'ils tiennent compte des connaissances nouvelles en matière de bonnes pratiques.


Analyse des ratios globaux de personnels:

Ils sont très comparables entre la France et la Belgique dans les établissements pour personnes âgées. Toutefois, les tarifs des établissements sont inférieurs de 300? à 400? en Belgique, mais en grande partie compensés en France, pour les résidents qui bénéficient, par l'allocation logement.



Procédures d'accueil

Procédure d'accueil des enfants handicapés français en Belgique


Tout d'abord, l'orientation de l'enfant se fait par la CDAPH (Commission des droits de l'autonomie des personnes handicapées) en établissement pour enfant.


=>Puis, la famille sollicite un établissement belge pour y inscrire son enfant.


=>Ensuite, l'établissement belge demande un avis médical à direction régionale du service médical de la CNAMTS (Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés)=> le médecin-conseil prend la décision de placement en Belgique.


=>La CPAM (Caisse Primaire d Assurance Maladie) de Tourcoing « Caisse pivot de paiement » pour les assurés du régime général de tous les départements français examine la prise en charge financière de l'enfant au regard de l'orientation de la CDAPH.


=>Enfin, la CPAM de Tourcoing règle les frais de séjour et de soins après mise à jour des bases informatiques.

Procédure d'accueil des jeunes français de plus de 20 ans maintenus en établissement pour enfant en Belgique (« amendement Creton »)


Six mois avant l'âge de 20 ans, la CDAPH (Commissions des droits et de l'autonomie des personnes handicapées) informe la famille sur la nécessité d'engager des démarches d'orientation en établissement pour adulte et sur la possibilité de maintien du jeune en établissement pour enfant en cas d'absence de places disponibles.


=>La famille demande l'orientation en établissement pour adultes et, en cas d'absence de place, sollicite le maintien dans l'établissement pour enfant


=>Deux mois avant le 20ème anniversaire de la personne accueillie, le médecin-conseil régional de la CNAMTS (Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés) invite l'établissement belge à se renseigner sur la nouvelle orientation du jeune (établissement pour adulte financé par l'assurance maladie ou établissement pour adultes financé par le conseil général)


  • En cas d'orientation du jeune vers un établissement financé par l'assurance maladie, l'établissement belge fait une demande de prise en charge auprès du service médical de la CNAMTS et le médecin-conseil confirme la prolongation du placement en Belgique

  • =>La CPAM (Caisse Primaire d'Assurance Maladie) de Tourcoing règle les frais de prise en charge

  • En cas d'orientation du jeune vers un établissement financé par le conseil général, l'établissement belge fait une demande de prise en charge auprès du général du département d'origine

  • =>Le Conseil général du département d'origine règle les frais de prise en charge prise en charge

Procédure d'accueil des adultes handicapés français en Belgique


La famille demande à la CDAPH l'orientation de la personne handicapée en établissement pour adulte (MAS, FAM, Foyer d'hébergement)

  • En cas d'orientation en MAS, ESAT ou d'orientation en FAM :
  • =>Tout d'abord, la famille sollicite un établissement belge financé par l'assurance-maladie pour y inscrire la personne handicapée


    =>L'établissement belge demande un avis médical à la direction régional du service médical de la CNAMTS de la région d'origine => le médecin-conseil prend la décision de placement en Belgique.


    =>La CPAM du département d'origine de la personne examine la prise en charge financière.


    =>La CPAM de chaque département règle les frais de séjour et de soins après mise à jour des bases informatiques.


  • En cas d'orientation en Foyer d'hébergement ou d'orientation en FAM :

    =>La famille sollicite un établissement belge financé par le Conseil général pour y inscrire la personne handicapée.


    =>L'établissement belge demande un avis médical au Conseil général du département d'origine de la personne => le Conseil général prend la décision de placement en Belgique.


    =>Le Conseil général du département d'origine de la personne examine la prise en charge financière.


    =>Enfin, le Conseil général règle les frais de séjour et de soins



Exemple d'établissement belge

L'établissement Pommeraie

L'établissement Pommeraie accueille 31 résidents belges et 149 résidents adultes Français.

Les résidents français sont représentatifs des personnes handicapées accueillies en Belgique puisqu'ils viennent de toute la France, mais pour une très large majorité du Nord-Pas-de-Calais et d'Ile-de-France.

Il s'agit d'un établissement non lucratif avec un service résidentiel pour 167 adultes (accueil de jour et hébergement) et un service résidentiel de nuit pour 15 adultes, agréés par les autorités belges et donc inspectés régulièrement (au minimum tous les 3 ans lors du renouvellement de l'agrément et tous les ans au niveau financier).

La Pommeraie accueille essentiellement des personnes souffrant de troubles autistiques et de troubles envahissants du développement.

Une Association des Parents et Amis de La Pommeraie est dynamique et composée de belges et de français qui se réunissent toutes les six semaines environ.

Certains parents font partie de l'assemblée générale de La Pommeraie.



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