

Monsieur Alzheimer,
 Je te connaissais, comme la plupart des personnes, que par la perte de mémoire
 Qui montrait ta présence chez les personnes que tu habitais.
 Puis lorsque tu es venu t'installer dans la tête de maman
 J'ai compris vraiment ta vraie personnalité.
 Tu ne t'empares pas que de leur mémoire,
 Tu ne les laisses pas seulement vivre dans leur passé, parce que même ça tu le leur prends à un moment.
 Tu leurs infliges de la déprime, de l'anxiété, de l'agressivité, de la colère.
 Tu les envahis, tu les emprisonnes, tu prends possession de leurs connaissances que la vie leur a donnés.
 Tu saisis sans pitié leur langage, leurs gestes, leur compréhension, leurs reconnaissances, 
 Leurs repères dans le temps, leur intimité, leur autonomie.
 Tu leur floutes le visage de leur entourage, même leur propre reflet dans un miroir tu le floutes
 Tu fais disparaître leur personnalité de leur corps
 Tu obliges leur regard à être vide, ailleurs, dans un monde qui nous est étrange, inconnu.
 Tu t'amuses doucement avec eux, tu es vicieux.
 A chaque jour, heure ou minute, tu peux les transformer.
 Tu peux m'effacer de sa mémoire, maman restera dans la mienne.
 Son langage n'est que répétition des mots que tu lui a laissé, je me débrouille
 J'utilise un langage que tu ne pourras pas t'approprier facilement,
 Tu ne peux pas lui prendre le plaisir du toucher, d'un bisou, d'un câlin, d'une caresse, d'un sourire.
 Tu ne peux pas lui voler l'écoute d'une musique douce qui lui apporte douceur et apaisement.
 Tu ne peux pas m'empêcher de la faire rire par mes âneries.
 Tu m'imposes des moments difficiles, très difficiles, douloureux
 Mais devant elle mes yeux resteront un rayon de soleil, sans pluie, sans orages
 Mon sourire sera toujours présent même s'il est difficile
 Car je sais que si ma tristesse est visible, maman la ressentira
 Mes mains seront toujours dans les siennes, je ne les lâcherai pas
 Je suis devenu son repère.
 Il n'y a rien qui peut te faire fuir, te détruire, il n'y a pas de remède, pas de solution, tu es fort
 Tu nous combats en sachant que tu vas gagner
 Mais je suis encore debout, mes genoux sont loin du sol.
 Je veux juste que les gens arrivent à comprendre qui tu es vraiment.
 Que tu n'es pas qu'un voleur de mémoire,
 Tu voles tout en laissant un jour ce corps sans vie, juste avec un cœur qui bat et peu de sens.
 Tu as aussi beaucoup d'amies qui habitent des personnes
 Et que leurs proches mènent aussi un combat contre elles
 Notre amour, notre patience, notre courage, notre soutien sont nos armes contre vous
 Je pense à toutes ses personnes qui mènent un combat,
 Ne perdez pas courage, battez vous, même si c'est dur
 Gardons les bons moments, profitons de cette joie
 Ne laissons pas les mauvais moments nous envahir.
 Je vous souhaite à tous du courage.
 Doune
LA PAROLE AUX AIDANTS
Comment gérer au quotidien la relation de l'aidant vers la personne aidée, souvent en état de dépendance? Comment faire en sorte que l'aidant ne s'épuise pas? Des conseils et , initiatives et retour d'expériences sont recensés dans cette rubrique. La parole est également donnée aux aidants afin qu'ils partagent le quotidien de leur vie d'aidant.