Troubles de l'audition et démence: quel rapport?

Le Groupe de Recherche Alzheimer Presbyacousie (GRAP) apportent quelques éléments de réponse...

Publié le 10 avril 2008

La presbyacousie touche pratiquement tout le monde au-delà de 75 ans. Certains sont peu gênés, d’autres, très nombreux, le sont beaucoup. Lors de la conversation, les presbyacousiques « entendent » mais ne « comprennent » pas ce qui est dit, du fait de la perte auditive portant sur les aigus.

La maladie d’Alzheimer est une maladie de la mémoire dite à court terme, c'est-à-dire des faits récents, du moins au début. La mémoire se nourrit des informations que lui procurent tous les sens et en particulier l’audition. Si un ou plusieurs sens viennent à manquer, la mémoire n’a plus d’objets nouveaux à traiter. Ainsi est venue une question simple : quel rapport pouvait-il exister entre Presbyacousie et Démence ?

Le GRAP (Groupe de recherche Alzheimer Presbyacousie) a été créé pour répondre à cette question. Ses membres ont donc décidé de rechercher si les troubles auditifs n’avaient pas de graves conséquences sur l’évolution des troubles démentiels qu’entraînent les maladies dégénératives du système nerveux telle que la maladie d’Alzheimer.

AcouDem (Acou pour acoumétrie qui est un test auditif clinique – Dem pour démence) est une étude clinique réalisée par l’équipe médico-soignante du GRAP pour rechercher la fréquence des troubles de l’entendement sur deux groupes de sujets de plus de 75 ans vivant en institution, l’un entendant suffisamment pour ne pas être gêné dans la vie courante et l’autre présentant une baisse d’audition avec gêne sociale. Il nous fallait chercher si la surdité avec gêne sociale n’entraînait pas des démences plus graves, plus précoces, plus évolutives, plus fréquentes que lorsque l’audition est socialement bonne. Et, si c’était le cas, ajouter qu’en traitant la surdité, la progression des troubles démentiels pouvait être stoppée ou au moins ralentie ou retardée.

Ces expérimentations, actuellement mises en place par le GRAP, en collaboration avec le CNRS, vont demander quelques années pour permettre des conclusions. Nous avons donc décidé de mettre en route une étude préliminaire, plus simple. A partir d’un important échantillonnage (319 sujets), nous avons voulu confirmer que la population des personnes sourdes présentait plus de troubles démentiels qu’une population, du même âge et dans les mêmes conditions de vie (institution), ayant une audition socialement suffisante.

Cette première étude le démontre de manière indiscutable puisque le risque d’erreur est seulement de 1/10000. Selon AcouDem, les personnes de plus de 75 ans qui sont malentendantes (avec une gêne sociale) ont 2,48 fois plus de risques d’être démentes que celles qui ne sont pas malentendantes. AcouDem ne permet pas de savoir s’il s’agit ici de coïncidences ou de corrélations. Dans ce dernier cas, il serait permis d’espérer que la compensation de la presbyacousie pourrait influencer l’évolution de la maladie démentielle.

C’est à cela que travaille actuellement le GRAP car il est évidemment très important de le savoir pour comprendre et mieux traiter maladie. Mais on peut d’ores et déjà remarquer que pour lutter contre la surdité, point n’est besoin d’attendre. En effet, quelle que soit la manière dont elle s’associe à la démence, AcouDem montre que la démence est bien plus souvent rencontrée quand on entend mal (groupe qui entend = 52 % d’états démentiels ; groupe des sourds = 72 %).

Groupe de Recherche Alzheimer

AcouDem permet de constater un fait : les risques d’être dément sont beaucoup plus grands chez les sourds que chez les non sourds (2,48 fois). Quand on connaît la gravité des conséquences de la surdité chez les personnes âgées atteintes de troubles auditifs (dépression quasi constante, troubles du comportement allant de l’isolement à l’agressivité, disparition du bonheur de vivre…) on se doit d’agir pour aider ces personnes à corriger leurs difficultés à communiquer pour éviter toutes ces conséquences. Or la seule manière connue actuellement pour suppléer à une perte auditive du type presbyacousie, est le port de deux aides auditives avec un accompagnement orthophonique indispensable, compte tenu du très grand bénéfice qu’apporte ce soutien pour que l’appareillage soit au total, les premières difficultés passées, bien accepté et même apprécié.

Nous connaissons le traitement de la gêne sociale par mauvaise audition mais les Français ne sont pas informés de cette réalité. Le GRAP s’est donné aussi pour mission de changer cet état de fait. Il a aujourd’hui les moyens de sa politique. Mais attention la compensation ne peut avoir d’action que si elle est préventive ou très tôt mise en place… Par conséquent le GRAP veut faire savoir que l’on pourrait améliorer considérablement l’état des personnes âgées malentendantes par le port « à l’avance », c’est-à-dire dès les premiers signes de gêne auditive, et donc avant l’apparition des troubles en particulier cognitifs, de deux appareils correctement mis en place et accompagné par une orthophoniste.


Source:
GRAP - Groupe de recherche Alzheimer Presbyacousie

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