Habitat & vieillissement : 3/4 des Français contre le regroupement de personnes âgées

Pour trois quarts des Français, le regroupement de personnes âgées dans des établissements d'hébergement représente un risque d'exclusion de la société, de prise en charge inadaptée et de souffrance des résidents.

Publié le 21 mars 2022

Étude OpinionWay - Les Maisons de Marianne : vieillir en France

Pour trois quarts des Français, le regroupement de personnes âgées dans des établissements d'hébergement représente un risque d'exclusion de la société, de prise en charge inadaptée et de souffrance des résidents.

L'étude réalisée par l'institut OpinionWay pour Les Maisons de Marianne confirme une prise de conscience forte des enjeux liés au vieillissement de la population et à la prise en charge des personnes dépendantes. En voici les principaux enseignements.

« Être vieux » : un état de dépendance, plus qu'une question d'âge

Si pour l'Insee, c'est à partir de 65 ans que l'on entre dans la catégorie des « personnes âgées », les Français, toutes générations confondues, s'accordent à penser que la perte d'autonomie, qui survient à 83 ans en moyenne1, constitue le principal marqueur de la vieillesse (87%). Le « papyboom » et l'espérance de vie qui continue d'augmenter, 82 ans pour les hommes et 87 ans pour les femmes en 2030, renforce la proportion des personnes âgées dans la société. De plus, elles bénéficient aujourd'hui d'un état de santé général bien meilleur que celui des générations passées, véhiculant l'image de seniors actifs et dynamiques.

Une évolution qui tend à favoriser chez les Français un regard globalement positif sur l'avancée en âge, aussi bien celle de leurs proches (69%) que la leur (67%). Des disparités sont cependant à relever. Des disparités sont cependant à relever, les femmes ayant une représentation plus sévère que les hommes sur le sujet. La perception positive du vieillissement est plus marquée chez les principaux intéressés (80% chez les 65 ans et +) que chez les plus jeunes et particulièrement les 35-49 ans (61%).

«Vieillir, c'est vivre ! ». Pour retarder la survenue de la dépendance, trois facteurs prioritaires se dégagent au premier rang desquels la liberté de vivre comme chacun l'entend (47%). Un chiffre qui traduit la volonté de rester acteur de sa vie jusqu'au bout, alors qu'un sentiment d'infantilisation des personnes âgées a pu être renforcé par la gestion de la crise sanitaire.

L'importance du lien social, par la création d'interactions régulières avec des amis, la famille ou à travers de nouvelles rencontres (46%), ainsi que la pratique d'activités culturelles, manuelles ou sportives (44%) complètent le podium, en faisant directement écho au fait que plus de 9 Français sur 10 estiment que le sentiment d'isolement (94%) et de solitude (93%) sont les principaux responsables de l'accélération du vieillissement.

Quels lieux de vie et de prise en charge pour la perte d'autonomie demain ?

Près d'1 personne sur 10 est aujourd'hui âgée de 75 ans ou plus en France. Selon les prévisions de l'INSEE, ce sera le cas d'1 habitant sur 8 en 2030 et 1 sur 6 en 2050. Et alors que 2,5 millions de seniors sont actuellement en perte d'autonomie, ils seront 4 millions dans trente ans. Phénomène relativement nouveau dans l'histoire de l'humanité, le vieillissement de notre société est devenu une réalité démographique qui invite à repenser la façon de vivre ensemble, cinq générations se côtoyant désormais (le nombre d'arrière-arrière-grands-parents avoisinerait 30 000). Ainsi, 67% des Français anticipent qu'à l'avenir, nos sociétés verront un nombre croissant de générations cohabiter, des arrière-grands-parents aux petits-enfants.

«Un entre-soi jugé délétère ». Tandis que vieillir chez soi est un idéal souvent exprimé dans les enquêtes d'opinion, trois quarts des Français (77%) pensent que le regroupement de personnes âgées dans des établissements d'hébergement représente un risque d'exclusion de la société, de prise en charge inadaptée et de souffrance des résidents. Ils sont de fait 70% à considérer que vivre entre personnes dépendantes est une très mauvaise chose, privilégiant les environnements favorisant la mixité entre les générations (93%) ou entre personnes autonomes et dépendantes (92%).

Alors que la pension moyenne de retraite était de 1 389€ par mois en 2019 (source Drees), tous régimes confondus, contre 2 004€ pour le prix mensuel médian d'une place en EHPAD (source CNSA), le principal critère de choix d'un hébergement adapté au vieillissement repose assez naturellement sur son coût (67%). Mais ce n'est pas le seul car la possibilité de recevoir des visiteurs quand on le souhaite est également importante pour 61% des répondants. Viennent ensuite le cadre de vie et une localisation en centre-ville (50%), la fonctionnalité du logement et de ses équipements pour une meilleure autonomie (44%) ainsi que la proximité avec l'entourage familial (38%).

« Faire face à la dépendance, c'est une confiance relative ». Selon les projections du ministère des Solidarités et de la Santé, 1 actif sur 4 sera aidant en 2030. Et pour 2 Français sur 3 (66%), c'est à l'entourage familial de prendre en charge la perte d'autonomie d'un proche, et cela quel que soit le degré de parenté. Un point de vue plus affirmé chez les personnes de 18-24 ans (87%) que chez les autres générations, qui est probablement à mettre sur le compte d'une plus grande méconnaissance des contraintes liées à la dépendance (matérielles, temporelles, financières, psychologiques). Et s'il s'agit aujourd'hui d'un sujet qui touche tout le monde, de près ou de loin, 65% des Français considèrent également qu'il revient à chacun de prendre ses dispositions pour s'y préparer, même s'ils expriment un niveau de confiance modéré sur leur capacité à subvenir financièrement à leurs propres besoins (59%) avec un écart de 15 points entre les femmes (52%) et les hommes (67%). En situation de dépendance, 57% seraient confiants dans la capacité de leur famille à les soutenir sur le plan financier, 61% sur le plan matériel et 69% sur le plan psychologique.

Ces résultats induisent une part de doute significative quant à l'avenir qui peut expliquer, au-delà des valeurs de solidarité, que plus de 3/4 des Français jugent que c'est à la collectivité de prendre en charge la perte d'autonomie des citoyens.

« L'évolution de la pyramide des âges confronte de plus en plus de Français à la réalité de la dépendance de proches et explique certainement la lucidité perceptible dans les réponses de cette étude. 88% des Français considèrent que l'accélération du vieillissement est un enjeu majeur de la présidentielle : gageons que l'actualité récente n'a fait que renforcer cette certitude et contribue à briser le tabou de la fin de vie. En toile de fond, une certitude partagée : les

personnes âgées sont des citoyennes et des citoyens qui doivent pouvoir vieillir dans la dignité et le bien-être. C'est un défi immense au regard du vieillissement démographique et des difficultés financières de millions de Français. Des solutions ouvertes existent pour retarder l'arrivée dans des résidences médicalisées, ce qui correspond aux souhaits des principaux intéressés et de leur famille, il faut poursuivre tous nos efforts en ce sens », commentent Éric Vialatel, Président fondateur Les Maisons de Marianne et Raphaëlle Gilaber, Directrice générale.

1 Ministère des Solidarités et de la Santé


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