Les Séniors bénévoles

Une des conséquences de l'allongement de la durée de la vie observée par le groupe HSBC en partenariat avec l'Université d'Oxford au travers d'une vaste étude

Publié le 15 avril 2009

    "Retraite active et nouveaux besoins des seniors" était le thème du débat qui a associé à l'initiative de HSBC Assurances lors du 11ème Salon des Seniors.


    Ont participé aux débats:

    Jean-Pierre Wiedmer, Président de HSBC Assurances, Michel Giraud, Directeur Général de la Fondation de la 2ème Chance et Jean-Philippe Viriot-Durandal, Sociologue du vieillissement.


    L'avènement d'un deuxième âge bis de la vie, qui succède au troisièmème âge, voit l'arrivée à la retraite d'une nouvelle classe de seniors: plus nombreux, plus jeunes, plus instruits, ils sont non seulement actifs, mais également productifs.

    L'enquête Future of Retirement menée par HSBC et l'Oxford Institute of Ageing a en effet dévoilé que le travail bénévole des 60-79 ans représente près de 7 milliards d'euros par an. Estimé pour la première fois, cette donnée est corroborée par Jean-Philippe Viriot-Durandal mais ne doit cependant pas masquer le problème de relève de certaines organisations caritatives, 50% des bénévoles étant seniors. Il faut ainsi saisir les attentes des nouvelles générations de retraités en matière d'engagement associatif. Acteur de terrain, Michel Giraud présente ainsi un modèle associatif contributif articulé sur les seniors: la Fondation de la 2ème chance.


    Allocutions des intervenants lors de la conférence:

  • Jean-Pierre WIEDMER:
  • => Allongement de la durée de la vie:

    «L’allongement de la durée de la vie est un événement tout à fait majeur et optimiste. En France, l’espérance de vie moyenne est de 81 ans. On sait qu’on gagne quasiment un trimestre de vie par an. Ceci est une bonne nouvelle qui n’est pas suffisamment positivée et dont on ne regarde pas suffisamment les conséquences. C’est pour cela que le groupe HSBC s’est lancé depuis maintenant cinq ans dans la plus grande étude mondiale, aux côtés de l’Université d’Oxford, pour essayer de mesurer, d’observer, d’étudier les conséquences de cet allongement de la durée de la vie, ses conséquences sociétales. Qui sont ces seniors ? A quoi ressemblent-ils et finalement, que font-ils ? C’est la plus grande étude jamais menée puisque nous avons interrogé dans plus de 20 pays plus de 20 000 personnes pour voir un peu leur ressenti et les résultats sont tout à fait intéressants.


    => Une nouvelle image: des Séniors actifs:

    Première conclusion: l’image des seniors doit complètement changer. Nous avons maintenant des seniors qui sont en forme, qui sont actifs, qui sont prêts à s’investir de manière tout à fait importante.

    58% des Français de 70-79 ans se sentent en bonne ou très bonne forme. Quand vous regardez les statistiques dans le monde, les seniors se sentent à 66% en bonne santé et que vous regardez chez les Anglo-saxons là effectivement cette perception est d’autant plus positive: 73% au UK, 76% au Canada. Ca c’est la première chose, et la seconde chose, c’est l’activité.


    => L’activité des Séniors:

    L’apport des seniors, en particulier dans le bénévolat, est tout à fait important. En France – vous avez une situation d’emploi des seniors relativement dégradée par rapport à d’autres pays. En France, le taux d’emploi des 55-64 ans est plus proche de 36 % alors que dans d’autres pays, il est bien supérieur comme en Suède par exemple.

    Il existe également l’activité bénévole. Nos études montrent sur ce point que l’apport bénévole des seniors est majeur. Et puis vous avez l’environnement familial qui a effectivement énormément changé. Avant vous aviez deux, trois générations qui se côtoyaient, maintenant vous avez quatre, cinq, voire six générations qui se côtoient dans la même famille et tout ceci entraîne des problématiques nouvelles. Aujourd'hui, vous avez des seniors qui se trouvent dans la situation d’avoir à allouer une partie de leur temps à leurs parents âgés mais également une partie de leur temps à leurs petits-enfants pour aider leurs enfants qui sont en train de travailler dans leur carrière.


    => Des Séniors heureux:

    Cette période, ce 2ème âge bis de la vie qui succède au 3ème âge, est une période heureuse. C’est bien ce que montre nos études, puisque 78% des Français (contre 66% dans le Monde) perçoivent la retraite comme un période de liberté, de bonheur et de satisfaction. Mais cette période se prépare. Certes, elle se prépare dans le domaine financier, parce qu’il est clair que si vous vivez plus longtemps, vous avez besoin d’avoir un peu plus de patrimoine financier. Et là, il peut y avoir une zone de fragilité pour un certain nombre de gens dans le monde, voire en France. En effet, 2 Français sur 3 sont sérieusement concernés par le risque de vivre au-delà de leur patrimoine. Mais ce n’est pas le sujet majeur. Le sujet majeur est clairement la préparation de l’environnement. C’est l’environnement familial, c’est l’environnement social, c’est l’environnement en termes d’activité, parce que cela peut être une activité certes rémunérée, cela peut être une activité bénévole, cela peut être une activité associative.


    => Un travail bénévole qui se chiffre en milliards d’euros:

    Nous avons fait une estimation du travail bénévole des seniors en France. Ceci représente un montant supérieur à 7 milliards d'euros par an. Sept milliards d'euros, c’est deux fois le PIB de Malte. Quand vous faites une comparaison, le travail bénévole des seniors Américains est estimé à près de 19 milliards. Je ne crois pas qu’il y ait un rapport de un à trois entre notre population de seniors et la population de seniors aux Etats-Unis. On voit donc que l’apport des bénévoles seniors en France est considérable.

    Il y a ce travail bénévole et il y a un apport au niveau familial. Et cela, c’est un soutien qui apparaît très clairement dans nos études, les seniors forment un soutien tout à fait important pour leur famille et ceci doit être absolument souligné.


    => Une évolution des étapes de la vie:

    Avant, nous avions une phase d’études, une phase d’activité professionnelle et une phase de retraite. Ce modèle est clairement en train d’évoluer.

    Nous allons toujours commencer par une phase d’études sûrement, il faut bien apprendre d’abord. Ensuite il va y avoir une phase beaucoup plus longue qui va être à la fois une alternance d’activité professionnelle, de reprise d’études, de temps de loisirs. Vous avez maintenant et j’ai eu le cas dans mon entreprise, des jeunes qui arrivent et qui disent «eh bien voilà, moi je voudrais prendre pendant un an et faire le tour du monde» donc vous êtes obligés de gérer ce type d’envie dans l’entreprise. Ce n’est pas obligatoirement très simple mais on voit bien qu’à partir du moment où les gens se disent « je vais travailler plus longtemps », ces nouvelles envies vont apparaître. De même, à la fin de la vie professionnelle, les gens souhaitent – et c’est assez clair dans nos études – pouvoir travailler plus longtemps mais à leur rythme et deuxièmement jusqu’à l’âge qu’ils souhaitent. Les Français souhaitent disposer des flexibilité pour voyager (75%), avoir de nouveaux loisirs (64%), passer plus de temps avec leurs proches (67%), participer à des activités bénévoles (57%) ou encore de lancer dans un nouveau type de travail rémunéré (54%). mais ce qu’exprimaient les gens que nous avons interrogés voulait clairement dire «nous ne voulons pas avoir une date couperet de retraite, par contre, nous voulons pouvoir choisir à la carte le moment où nous arrêtons et avoir la possibilité d’avoir un aménagement sur la fin de notre carrière en termes d’activité professionnelle» - 3 Français sur 4 sont contre le principe d’une retraite obligatoire à un âge prédéterminé. Il est clair que tout ceci doit être organisé au niveau des sociétés, au niveau des entreprises.


    => Un besoin de transmission:

    Un dernier point, c’est de dire que les gens ont effectivement en France – c’est vrai dans le monde mais en France c’était clair dans notre dernière étude – un besoin de transmission, certes un besoin de transmission d’argent et de patrimoine à leurs enfants et petits enfants mais, c’est d’abord – et pour moi c’est extrêmement positif – un besoin de transmission d’un sens de la vie, d’un sens de l’humour, de valeurs, et cela est extrêmement positif».



  • Jean-Philippe VIRIOT-DURANDAL:
  • => Quelles perspectives la sociologie du vieillissement peut elle amener dans les débats d’aujourd'hui ?

    «La France et la plupart des pays développés font face aujourd'hui face à une mutation lente mais profonde des profils des retraités. Cette catégorie sociale porte en elle le calque des évolutions sociologiques accumulées tout au long du siècle dernier jusqu’à aujourd’hui. Elle témoigne à travers l’amplitude de ses groupes d’âge des grandes mutations de la France rurale vers un hexagone plus industriel, à la fois plus urbain, plus diplômé, mais également plus orienté vers les services, à partir de la fin des années 70.

    Les mutations du système productif ont induit des changements dans les niveaux et la nature des ressources que les retraités peuvent mobiliser dans l’action associative. Pour donner un exemple, le niveau de diplôme en 2000 a considérablement augmenté, à la faveur des 50-64 ans. On constate en effet que 71,4 % des 65 ans et plus déclaraient ne pas avoir de diplôme supérieur au certificat d’étude primaire, contre seulement 43,8 % de la cohorte des 50-64 ans. Dans l’échelle supérieure de diplôme, c'est-à-dire le supérieur long, bac ou plus (défini ici comme Bac+ 3 ou plus), on passe de 3,1 % à 8,5 %. Autrement dit, le profil sociologique des seniors a changé rapidement sur ce plan.

    De la même façon, le changement de profil des retraités témoigne du déclin de la société industrielle, avec plus de 45 % de cols bleus en 1975 dans la population active masculine occupée alors que ce chiffre chute de moitié au tournant du siècle. A mesure que le temps passe, les catégories socioprofessionnelles des retraités évoluent, ils sont plus diplômés, ils disposent d’un revenu moyen supérieur à leurs parents et appartiennent plus aux classes moyennes qui se sont développées à la faveur des années 70.

    Par ailleurs, l’horizon temporel à la retraite augmente considérablement. D’une part on constate que la sortie d’activité aujourd'hui se fait environ six ans plus tôt qu’à la fin des années 60 et d’autre part, l’accroissement de l’espérance de vie à 60 ans (âge légal et symbolique de la retraite en France) dépasse 22 ans pour les hommes et 26,9 ans pour les femmes. Autrement dit, nous assistons à une extension de l’horizon temporel à la retraite sans précédent qui permet aux retraités qui le désirent de se projeter dans ce que l’on appelle une «seconde carrière» associative, une seconde carrière en tant que bénévole.


    => Retraités, nouvelles temporalités:

    Les retraités d’aujourd'hui et ceux aussi de la décennie qui précède ont assisté à un changement considérable de société, pas seulement parce qu’ils sont passés d’une société rurale à une société industrielle puis à une société de services, mais aussi parce qu’ils sont passés d’une société dite ternaire évoquée tout à l’heure par Jean-Pierre Wiedmer découpée en trois séquences (formation, travail, retraite), à une société dans laquelle les temps sociaux sont profondément recomposés.

    L’archétype du model temporel des années 50, repose sur une configuration à la fois ternaire et sexuée. Le modèle temporel masculin repose sur un segment central de travail à temps plein jusqu’au moment de la retraite à partir de 65 ans avec un temps de formation en amont de l’activité professionnelle. Le temps de la retraite marquant souvent la mort sociale et une fin de vie assez proche de la fin d’activité. Dans le même temps, le modèle temporel des femmes était marqué par un temps de travail relativement court avant de passer à des occupations liées au soin et à la prise en charge à temps plein des ascendants et des descendants.


    => Un développement du changement régulier de travail et de fonction:

    Ensuite, les modèles deviennent plus complexes dans les années 70 et dans les années 95, avec le développement de changement régulier de travail et de fonction, qui induit le développement et l’étalement des alternances des temps de travail, de formation et de requalification sur le cycle de vie. Apparaissent progressivement à la fin des années 70 et au début des années 80, la fin du modèle classique de sortie d’activité massive par la retraite avec les temps de préretraite, qui n’existaient pas antérieurement. Pour les femmes, un certain nombre de dispositions temporelles ont évolué avec le développement de l’alternance entre le temps partiel professionnel et domestique, et une tendance à la jonction avec les modèles masculins d’activité professionnelle à temps plein pour nombre d’entre elles à la faveur d’une forte féminisation de la population active à partir du milieu des années 60.

    Et puis dans les années 95, le temps s’est complexifié, avec l’alternance du temps du travail (à temps plein ou non), du temps du soin (care) aux ascendants et descendants, celui de la formation et le temps de la préretraite ou de la retraite progressive. Les modèles temporels sont donc à la fois divers et complexes.

    Dans les années 2000, ces temps s’enchevêtrent de plus en plus avec non seulement des préretraites, des retraites progressives qui mettent en avant des formes de retraite à temps partiel, alternée avec du bénévolat ou des engagements familiaux. L’analyse du temps dédié à la vie associative ne peut faire l’économie de ces constats sur les modèles de distribution temporelles tout au long du cycle de vie.


    => L’avenir de l’engagement associatif des Séniors:

    Au carrefour de nos deux constats sur les ressources des retraités particulièrement favorables à l’action collective et la complexification des agendas sociaux notamment dans le dernier tiers de l’existence, se pose la question de l’avenir de l’engagement associatif dans cette période de la vie. La situation des nouveaux retraités est à la fois plus favorable et beaucoup plus complexe à la participation sociale. Les mutations que nous constatons dans les modèles de retraite consacrent une ouverture des formes de retraite au-delà de la «retraite retrait» qui conduit à des formes de «mort sociale». Le spectre des modèles s’est considérablement élargi depuis plusieurs décennies au profit de formes de «multi-activités» choisies ou subies. Il existe dans ces modèles des polarités dites endocentrées, c'est-à-dire centrées sur soi et son réseau familial direct. Prédominent alors dans les activités des préoccupations en matière de santé, de logement, de loisirs pour soi mais aussi des activités à destination des proches dans la cellule familiale (parents ou des petits-enfants). Cette posture n’est d’ailleurs pas incompatible avec l’engagement associatif soit de manière simultanée soit dans un second temps, au-delà de la première année de retraite qui est parfois consacrée au renforcement des bases dans la nouvelle vie de retraité (modification intérieure et extérieure du / des lieu(x) de vie, reconfiguration des tâches familiales,…) avant d’envisager un engagement à l’extérieur du foyer et des réseaux familiaux et un repositionnement dans l’espace social. Dans d’autres cas les nouveaux retraités se situent dans la continuité d’engagements antérieurs.


    => Les transitions entre les différents rôles sociaux:

    Se pose alors la question des transitions entre les différents rôles sociaux. Comment les retraités transforment-ils leurs ressources en action collective et comment gèrent-ils par ailleurs la recomposition de leur agenda dans la sphère privée et publique? De nombreuses activités de type occupationnel se sont développées avec le développement de la retraite notamment depuis les années 70. Ces activités qui proposent un entretien du capital physique, psychologique, psychique ou spirituel. Des organisations se sont créées dès le milieu des années 70 en France qui a été assez leader avec des organisations comme les Universités de Tous Ages, qui ont essaimé dans le monde entier depuis leur création à Toulouse en 1973 par le Professeur Veillas. De grandes organisations.

    Comme les Aînés Ruraux ont aussi marqué l’univers associatif retraité et des activités type ateliers mémoires ou animations sportives avec par exemple le développement de Fédération Française de la Retraite Sportive semble assez caractéristique de cette période de développement associatif. Aujourd’hui une partie des activités occupationnelles échappent à ces organisations et sont intégrées par les services marchands, par des associations non spécifiquement réservées aux retraités ou par les collectivités locales. Les caisses de retraite quant-à elles ont souvent développé et soutenu ces activités et continuent à le faire avec des moyens et des succès assez variables.


    => La transmission une fonction de construction identitaire pour les jeunes:

    Les témoignages des anciens, le passage de témoin, la transmission ont une fonction de réassurance dans la construction de l’identité des jeunes qui est relativement importante. Les fonctions de transmission nous renvoient aussi à un repositionnement des jeunes dans un repère socio-historique collectif par rapport à des événements rupteurs comme la guerre, la résistance, les changements de régimes politiques par exemple, ou par rapport à des mutations techniques ou sociétales, comme par exemple le passage d’une société de l’écrit à une société plus virtuelle ou par rapport à l’évolution des statuts, comme le statut de la femme, ou de l’enfant qui ont fortement évolué depuis 50 ans. Là aussi, dans la construction des plus jeunes, les fonctions mémorielles, sont extrêmement importantes, elles facilitent les transitions identitaires mais aussi une mise à distance de sa trajectoire personnelle par rapport aux temporalités socio-historiques collectives.


    => Les Séniors: gardiens de la mémoire économique, sociale et politique:

    Les retraités peuvent agir comme témoins des évolutions économiques, sociales et politiques. Ils témoignent de la transformation du monde contemporain mais sont aussi des forces de proposition et d’adaptation par rapport aux structures existantes et à leurs évolutions. Ils peuvent également prendre part aux débats publics en s’intégrant au système décisionnel de la cité, à travers la création notamment en France des Comités Départementaux des Retraités et Personnes Agées (CODERPA) qui associent, au niveau départemental, des retraités et personnes âgées aux décisions publiques. Les fonctions de veille, de témoignage et d’engagement sont beaucoup plus larges que ce premier volet et peuvent conduire à des engagements dans les actions de défense au-delà des intérêts propres des retraités. On constate par exemple une forte implication de ces derniers dans la défense des droits de l’homme ou les causes environnementales.

    Enfin, les actions intergénérationnelles peuvent se traduire par des relations d’aide dans le cadre d’activités d’utilité sociale dans lesquelles les aînés mettent à disposition du temps et de la compétence dans une relation sociale d’aide ou d’échange, à travers des formes de bénévolat économique ou social comme le soutien scolaire avec des associations telles que Lire et Faire Lire, par exemple, ou l’aide aux populations fragiles dans des associations caritatives du type Resto du Coeur, Secours Populaire ou Secours Catholique.


    => Les processus d’engagement dans le secteur associatif:

    Quels processus s’engagent pour aller vers ces types d’engagement ? On a localisé dans la recherche actuellement trois archétypes. Le premier est ce qu’on appelle le processus translatif, où le transfert des ressources individuelles issues du cadre professionnel ou extra-professionnel s’opère dans le cadre d’activités identiques mais non marchandes. Dans ce cas, les compétences mobilisées ne nécessitent pas de nouveaux apprentissages. L’exemple type est celui de l’avocat retraité qui offre gracieusement ses conseils et ses compétences dans le cadre de consultations juridiques gratuites. Le deuxième processus est dit transformatif. Les activités ressources sont alors transformées par des mécanismes de reconversion et d’adaptation pour des activités et des projets éloignés du champ professionnel initial. Il peut s’agir par exemple d’un ancien ingénieur qui du fait de son niveau en mathématique est aussi capable d’intervenir dans le cadre d’un soutien scolaire auprès de public en difficulté. Le troisième processus est appelé créatif. Les retraités interviennent alors sur un champ de compétences totalement nouveau et inconnu qui nécessite une formation pour l’acquisition de nouvelles connaissances ou savoirs faires. Citons, à titre d’exemple l’expérience d’un ancien contremaître en formation pour apprendre la comptabilité afin de gérer l’association qu’il préside.


    => Quels sont les enjeux de ce bénévolat ?

    Il renvoie en fait à l’expression d’une citoyenneté par un engagement direct dans des actions à portée sociale ou par un engagement direct dans des actions liées aux grands enjeux du monde contemporain.

    Cet engagement renvoie à une intégration à double face: une intégration des populations fragiles qui bénéficient de la relation d’aide mais aussi une intégration des retraités qui trouvent dans ces activités de nouvelles formes de reconnaissance sociale. Les organisations de seniors, mais aussi les seniors dans les organisations pluri générationnelles jouent un rôle de banque de ressources, mettant en relation une demande de soutien et des ressources à travers des retraités bénévoles compétents dans divers domaines comme l’ingénierie, les techniques agricoles, l’informatique, l’éducation etc.

    Il s’est créé en France un certain nombre d’organisations d’aide à caractère économique depuis 1974.

  • ECTI (Échanges et Consultations Techniques Internationaux), créée en 1974, regroupe essentiellement d’anciens ingénieurs et cadres supérieurs diplômés de grandes écoles. Elle intervient dans les pays les plus démunis, sur des projets de coopération pour le compte d’entreprises françaises, d’organismes privés ou publics, ou d’organisations internationales.
  • EGEE (Entente des Générations pour l’Emploi et l’Entreprise). Créée en 1979 avec le soutien actif de l’Agence Nationale pour la Création d’Entreprise (ANCE), rassemble des cadres et d’anciens chefs d’entreprises pour des missions de conseil auprès de PME/PMI en création ou rencontrant des difficultés, et dont la trésorerie ne permet pas de rémunérer un travail d’expertise.
  • PIVOD (Prospective, Innovation, Valorisation, Opportunité, Disponibilité), créée en 1986 encourage le développement de micro-entreprises. D’autres domaines d’expertise sont exploités, mais dans le cadre d’actions de coopération et de développement.

  • => Quels sont les enjeux des activités d’utilités sociales à la retraite et plus encore du bénévolat retraité ?

    Le bénévolat, en tendance, s’accroît de 3 % pour les 18-24, de 8 % pour les 30-40, et de 6 % pour les sexagénaires mais aussi de 2 % chez les 70 ans et plus. Un tiers seulement des 12 millions de bénévoles en France assure une présence régulière permettant à l’association de se maintenir. Ce noyau sans lequel plus de 80 % des associations ne survivraient pas diminue insensiblement au fil des années. D’où l’enjeu du recrutement de nouveaux bénévoles issus de la génération nombreuse du baby boom, parce que jusqu’à présent, les plus de 60 ans comptent, au moment de rentrer en retraite, pour moitié de bénévoles réguliers. Ils constituent de véritables piliers des associations en s’investissant dans les bureaux des associations. La place des retraités est donc d’autant plus importante qu’ils sont des bénévoles réguliers. Se pose le problème de la relève. Dans certaines organisations caritatives, on s’aperçoit que plus de 50 % des bénévoles sont des retraités, avec la question du renouvellement des générations dans ces organisations. Mais c’est aussi le cas dans les conseils d’administration des clubs sportifs qui ont de plus en plus de mal à prolonger des générations de bénévole.


    => Quid à l’avenir de l’engagement des jeunes retraités ?

    On s’aperçoit que le désengagement commence à peser sur les seniors actifs, c'est-à-dire sur les gens qui vont devoir prolonger leur activité professionnelle du fait des réformes du système de retraite. Du coup, ces jeunes seniors qui étaient à la retraite ou en préretraite dans les décennies précédentes sont maintenant tentés voire obligés de continuer leur activité professionnelle. Ce nouveau contexte pourrait avoir un impact à l’avenir sur l’évolution du bénévolat.

    Il convient également d’informer et favoriser l’intégration des baby-boomers dans la vie associative, en créant un bilan de potentiel et des centres d’orientation associatifs. Cela corrobore les grandes lignes du tout dernier rapport du Conseil Economique et Social qui vient de sortir le 19 mars 2009.



  • Michel GIRAUD
  • Je suis venu vous apporter un témoignage de vécu quotidien qui est un élément de réponse, un parmi beaucoup d’autres, à la remarquable étude qui a été conduite par HSBC et à l’analyse sociologique dont Monsieur Viriot-Durandal.

    Une étude qui est à la fois conjoncturellement et sociologiquement tout à fait importante. Conjoncturellement parce que c’est vrai que nous sommes aujourd'hui confrontés à deux données qui s’entrecroisent. Je ne m’étendrai pas, cela a été clairement exposé. D’une part une donnée biologique, l’allongement de la vie et, d’autre part, une donnée sociologique ou sociétale, qui est la réduction du temps effectif de travail. A cet égard, je voudrais dire combien je déplore personnellement, fort de l’expérience qui a été la mienne, que les niveaux de salaire des aînés, que les prétendues difficultés à maîtriser les technologies nouvelles, on fait de l’âge une espèce de variable d’ajustement. Je trouve qu’il y a là une anomalie et une injustice coupables. A cet égard, qu’il me soit permis de dire que le système généralisé des préretraites ne m’a pas semblé être la meilleure des solutions, parce que l’on n’a pas vu, dans le même temps, se développer l’activité des jeunes.

    Le témoignage que je veux vous apporter c’est un témoignage d’engagement bénévole. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de la vie de la Fondation de la 2ème chance. Qu’est-ce que c’est que la Fondation de la 2ème chance ? C’est une fondation aujourd'hui reconnue d’utilité publique qui a été créée voici un peu plus de 10 ans dont le concept consiste à aider financièrement, et à parrainer, c'est-à-dire à accompagner techniquement, professionnellement, socialement, moralement s’il le faut, ceux et celles, 18-60 ans, qui, confrontés aux pires situations de précarité, gros pépin de vie, ou alors ce que les sociologues appellent la spirale de la précarité. Vous savez comment les choses s’enchaînent: fin de droits, on perd son logement, on est hébergé, pépin de santé, rupture affective, bref, le bord du trou. Donc ceux et celles qui, confrontés aux pires situations de précarité, refusent à la fois la fatalité de leur naufrage et la facilité de l’assistanat. Ceux et celles qui ont la volonté, le courage, la détermination de se reconstruire et de se reconstruire à partir d’un projet de rebond de vie, leur projet. Ce n’est pas un projet qu’on leur impose ni même qu’on leur suggère. C’est leur projet de rebond de vie, qui peut être soit un projet de création, de reprise de petite activité économique, TPE, soit un projet de formation de reconversion, pour balayer les miasmes du passé et se retrouver sur les rails de la réinsertion. Et d’ailleurs, de plus en plus, on voit des formations qui se débouclent par des créations.

    C’est cela, la Fondation de la 2ème chance. A partir du moment où les deux critères que je viens d’évoquer sont réunis et à partir du moment où les procédures d’instruction, validation, décision concluent positivement: «coup de pouce». Le coup de pouce a deux volets: le volet d’aide financière, dotation, pas de prêt, pas de caution. L’aide financière, c’est une porte ouverte à des emprunts complémentaire et le volet de parrainage, d’accompagnement sous toutes ses formes comme je viens de vous le dire.

    Cette fondation est à la fois très partenariale, puisqu’elle repose sur un conseil national de 115 ou 120 grands acteurs économiques, privés pour l’essentiel, mais les grandes entreprises publiques sont au tour de table, et également tout un réseau de clubs de la 2ème chance, qui sont des clubs de PMI/PME. Donc elle est très partenariale, très décentralisée, on a 63 sites sur l’ensemble du territoire, et on a voulu qu’elle soit aussi professionnelle que possible, ce qui nous a conduits à nouer des partenariats avec toutes les grandes structures socioéconomiques, qu’il s’agisse de l’ANPE, des boutiques de gestion, des missions locales, etc.

    Cette formidable aventure que, depuis onze ans maintenant, je vis au jour le jour, est une aventure qui repose essentiellement sur le bénévolat et notamment sur le bénévolat des seniors.

    Des bénévoles qui apportent leur disponibilité de temps, leurs acquis de compétences nombreux et variés, par voie de conséquence leur capacité d’appréciation, de perception des possibilités offertes par tel ou tel projet. Ils constituent, dans chacun de nos sites relais, l’essentiel de nos équipes d’instruction, c’est tout l’amont, et de nos équipes de parrainage, puisque le parrainage, en moyenne deux ans et si c’est plus, c’est plus. On ne laisse personne sur le bord de la route. Ce que je peux vous dire, c’est que si nous n’avions pas ces ressources de seniors bénévoles, jamais nous n’aurions pu réaliser le parcours de la Fondation au cours de ces onze années, c'est-à-dire le fait qu’aujourd'hui, nous aidons et accompagnons plus d’un rebond de vie par jour. C'est-à-dire que chaque année, ce sont 600 personnes qui, parce qu’elles l’ont voulu, parce qu’elles en ont eu le courage, la détermination, retrouvent une vie à la fois professionnelle mais souvent également une vie familiale, personnelle tout à fait équilibrée. De surcroît, cette démarche permet de développer et de renforcer des liens sociétaux. Il faut le savoir et, en tout cas, je peux vous en apporter le témoignage: entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, les bonheurs sont partagés. Il se crée des liens extrêmement forts.

    On n’a pas la prétention de tout réaliser parce qu’on a une grande fondation reconnue d’utilité publique. Il faut travailler avec les autres. Il n’y a pas de place pour la compétition, il n’y a pas de place pour la concurrence. C’est cette chaîne horizontale qui est tout à fait essentielle, mais il y a aussi une chaîne verticale. C’est celle qui lie entre elles les générations. Quand je vous dis que des filleuls deviennent parrains ou marraines, c’est le très bon exemple de l’assemblage entre ces maillons de la vie qui permettent d’inscrire une démarche dans la pérennité.

    C’est à cette Fondation de la 2ème Chance que je me consacre totalement. J’ai tourné la page il y a maintenant onze ans d’une vie publique qui a été une vie passionnante. J’ai considéré que le moment était venu d’aller à l’essentiel. L’essentiel pour moi, aujourd'hui, c’est de permettre à ceux et celles qui en ont la volonté de retrouver leur équilibre de vie.

    Je vous disais qu’entre ceux qui donnent et ceux qui reçoivent, les bonheurs sont partagés. Je peux vous dire que la possibilité de partager son quotidien avec le quotidien de ceux et celles qui ne veulent pas sombrer, c’est formidablement roboratif. Un dernier mot. Je viens d’avoir 80 ans. C’est une vraie deuxième vie que je vis au quotidien.


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