Quoi, c'est pas encore fini ???

Joy qui a eu le cancer du sein explique la difficulté de communication qui suit l’arrêt des traitements, la peur que continue à susciter le cancer, et l’importance d’avoir un réseau d’amis proches qui comprennent et soutiennent.

Publié le 14 décembre 2014

« Quoi, c'est pas encore fini ? ». Quand vous recevez en pleine figure cette accusation après que la personne vous ait demandé comment vous alliez et que vous avez répondu que vous n'aviez pas une super forme, vous pourriez presque culpabiliser ... Comment nous les gens qui avons eu un cancer du sein et dont les traitements sont terminés, nous n'allons pas bien ? Nous ne sommes pas à nouveau disponibles pour ceux qui veulent que tout redevienne comme avant ? Non seulement je hais cette phrase, mais je suis sidérée en fait par le nombre d'amis qui me la disent...


Et bien non, ce n'est pas encore fini mon cancer, l'opération, oui je l'ai eue, la chimio, oui je l'ai faite, la radiothérapie, oui je l'ai faite aussi, je suis partie maintenant pour 5 ans ou 10 ans d'hormonothérapie, mes cheveux repoussent (pas de la même couleur), mes ongles continuent à se casser, je me réveille la nuit avec des douleurs dans les jambes, les deux jambes entières, je n'arrive pas à me concentrer plus de deux heures, mon bras gauche est douloureux (le kiné m'a dit que j'avais perdu 30% de la mobilité de mon bras, j'aurais dû venir plus tôt, et pourquoi je n'étais pas venue plus tôt, etc., etc.).


Les gens voudraient que je redevienne celle que j'étais avant, toujours disponible pour les aider, pour les soutenir, écouter leurs problèmes, leurs peurs, et pas une minute ils ne s'imaginent que MOI, oui, MOI, j'ai peut-être eu cancer à cause d'eux, de leurs agressions constantes, de leurs demandes incessantes d'aides ? Ma psy m'a dit de réfléchir aux causes de mon cancer. En gros, pour elle, c'est « si vous ne trouvez pas les causes de ce cancer, il reviendra... ». Charmant programme. Oui, je veux bien penser D'ABORD A MOI, sauf que je ne suis pas faite comme ça, je n'ai jamais été comme ça, cela ne s'apprend pas comme ça en une heure.


Alors non, je ne vais pas bien, mon corps me fait mal, ma tête me fait mal. Mais comment leur dire, eux qui ne veulent pas entendre ?


Heureusement, j'ai aussi des amis qui savent ou qui comprennent, j'ai mon réseau rapproché, j'ai mes peintres et sculpteurs que je promeus, j'ai mes enfants et petits-enfants, j'ai beaucoup de chance, j'ai d'autres amies (deux) qui elles aussi ont eu un cancer du sein récemment, alors on se soutient et on se rassure.


Aujourd'hui j'ai décidé que si on me demande comment je vais, si on demande comment je vais à ceux de mes amis qui comprennent, la réponse officielle est « Je ne suis pas au top, et c'est NORMAL ». Je vais voir si cette « réponse » m'évite le « Quoi, c'est pas encore fini ??? »...


Et si ce n'est pas encore suffisant, et bien ma réponse officielle sera « Oui, oui, je vais très bien ». On ne fait pas boire les ânes qui n'ont pas soif, non ?

:)


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Comment gérer au quotidien la relation de l'aidant vers la personne aidée, souvent en état de dépendance? Comment faire en sorte que l'aidant ne s'épuise pas? Des conseils et , initiatives et retour d'expériences sont recensés dans cette rubrique. La parole est également donnée aux aidants afin qu'ils partagent le quotidien de leur vie d'aidant.

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