Interview de Anne Hidalgo sur le thème du logement des Seniors à Paris

Le Logement des Seniors à PARIS en CINQ QUESTIONS.

Publié le 17 mars 2014

Capgeris

Habiter Paris n'est pas facile, compte tenu du niveau des loyers.
Quand on est Senior et que les premiers signes de diminution de l'autonomie font leur apparition, l'adaptation de son logement devient incontournable.

Avez-vous, dans vos projets, des mesures prévues pour relever ce challenge des années à venir ?

Anne Hidalgo

La vie à domicile des personnes vieillissantes n'est possible que dans la mesure où leur logement ne constitue pas une difficulté face aux premiers signes de perte d'autonomie et de mobilité.
Disposer d'un logement adapté à sa situation devient une condition indispensable pour maintenir une bonne qualité de vie.
La question des ressources se pose également : au moment de la retraite, de plus en plus de ménages éprouvent des difficultés à payer leur loyer.
Il faut savoir qu'à Paris, et contrairement à ce que bon nombre pensent, 12.6% des parisiens âgés de 60 à 74 ans vivent en dessous du seuil de Pauvreté

Le logement est la grande priorité de ma mandature, avec un objectif de 10.000 nouveaux logements par an.
Et je suis particulièrement sensible à la précarité des Parisiens âgés en matière de logement.µ

La Ville de Paris mène déjà plusieurs actions pour lutter contre cette précarité :

  • Intégration dans le dispositif Paris Logement pour aider au règlement du loyer.
  • Soutien à l'association PACT de Paris, qui aide les ménages à revenus modestes à monter un dossier d'aide au financement de travaux.
  • Mise en place d'une aide complémentaire à celle de l'Agence nationale de l'habitat -ce qui permet de subventionner jusqu'à 80 % des travaux entrepris par les propriétaires.
  • Possibilité de mutation vers un logement mieux adapté dans le parc social...


Je veux renforcer ces initiatives afin d'améliorer le quotidien des personnes âgées.

Capgeris

La solitude des personnes âgées, ce mal qui ronge le quotidien des aînés.

Quelles sont vos initiatives pour permettre à nos aînés de sortir de cette solitude, bien souvent forcée par leur niveau de dépendance ?

Anne Hidalgo

C'est une vraie préoccupation pour moi quand on sait que plus d'un tiers des Parisiennes et Parisiens entre 60 et 75 ans et la moitié des plus de 75 ans vivent seuls.
Nombre d'entre eux souffrent d'isolement, souvent suite à une perte d'autonomie.
Je suis extrêmement concernée par cette question car il en va de la dignité de la personne.
Cela m'a amenée à réfléchir à ce qui pouvait créer encore plus de lien.
L'isolement a en outre des conséquences en termes de santé publique : c'est un facteur aggravant de la dépendance, avec des prises en charge parfois tardives, donc lourdes.

Il existe déjà un certain nombre de mesures mises en place ou soutenues par la collectivité parisienne pour pallier ce problème : la création du réseau des commerçants solidaires, le soutien au projet voisinage des Petits frères des pauvres, le soutien aussi à l'association « Au bout du fil », dont les bénévoles appellent les personnes âgées qui le souhaitent et sonnent l'alerte quand personne ne répond, ou encore le soutien au projet de cohabitation intergénérationnelle qui offre en plus une solution de logement pour les jeunes.


Mais je pense qu'il faut vraiment aller plus loin, pour que Paris conserve cette diversité d'âges et en fasse une véritable richesse au profit de tous.
Je souhaite donc élargir les actions qui permettront d'identifier plus précocement les personnes âgées isolées afin d'apporter des réponses qui seront plus simples, plus efficaces et plus respectueuses.
C'est le point de départ d'une lutte contre leur isolement que je souhaite mener.
Dans un esprit de bienveillance qui m'est cher, je crois aussi beaucoup aux actions intergénérationnelles de proximité et je souhaite déployer davantage ce qui pourra y contribuer : cohabitation intergénérationnelle en appartement, voisinage intergénérationnel, actions de loisirs, visites conviviales...

Capgeris

L'inter-génération semble une voie pour répondre à la fois à la problématique de la solitude et à la difficulté des aînés percevant de petites retraites à boucler leurs fins de mois. Tout le monde en parle, mais peu d'initiatives d'envergure dans la réalité.

Quelle est votre vision de l'inter-générationnel ?

Anne Hidalgo

J'y insiste, ma vision de Paris pour les aînés est d'encourager et de soutenir les engagements qui favorisent le lien intergénérationnel.
Ils peuvent intervenir entre Parisiens de tous âges, étudiants et jeunes seniors, jeunes seniors et retraités plus âgés, membres d'une même association, Conseils de la jeunesse et Conseils des seniors, jeunes écoliers et résidents d'EHPAD, enfants des centres de loisirs et seniors fréquentant les Clubs.
Je les soutiens avec une grande détermination, d'autant que les actions concernées couvrent de nombreux domaines tels que l'aide à l'emploi, le logement, la rupture de l'isolement, la culture, le sport...

Depuis 2008, la collectivité parisienne a soutenu de nombreuses actions de ce type, qui non seulement luttent contre l'isolement des personnes âgées à Paris mais aussi favorisent le dialogue entre les générations au sein de la cité.
Je renforcerai l'aide à ce type de projets.

Capgeris

Les Résidences avec Services pour Seniors de nouvelle génération se développent partout en France.
La ville de Paris voit cette dynamique freinée par la rareté du foncier accessible (rareté et prix grevant la rentabilité).

Envisagez-vous des mesures susceptibles de faciliter la création de telles résidences sur PARIS ?

Anne Hidalgo

Je veux privilégier l'aménagement des logements, le développement des résidences-appartements ou encore la cohabitation intergénérationnelle, plutôt que de favoriser des structures coûteuses.
Par exemple, un immeuble municipal de bureaux situé quai des Célestins a été transformé en Maison des générations.
Ce programme innovant vise à faire cohabiter dans un même lieu deux structures dédiées à des publics très différents : une résidence pour jeunes travailleurs et une résidence pour personnes âgées.
Le but est, par une mutualisation des espaces de service et par une juxtaposition des lieux de vie, de favoriser le vivre ensemble.
Les Petites Unités de Vie sont également des structures qui méritent d'être développées.

Capgeris

Notre société est sans cesse plus connectée. La plupart des objets de la vie quotidienne se dotent de capteurs et deviennent intelligents. On parle de plus en plus de villes intelligentes et de nombreux projets fleurissent un peu partout.

Allez-vous stimuler les initiatives en ce sens qui permettent de proposer aux Seniors des assistances multi-facettes favorisant le maintien à domicile le plus longtemps possible ?

Anne Hidalgo

Un appel à projets, EXAPAD, a été lancé pour cinq ans par le département de Paris avec plusieurs partenaires - le Paris Région Lab, le Centre d'Action Sociale de la Ville de Paris, le Pôle Allongement de la Vie Charles Foix, l'AP-HP, OSEO, le CNR Santé, des villes et des conseils généraux franciliens...
EXAPAD a pour objectif d'identifier, d'expérimenter et d'évaluer des solutions innovantes proposées par des entreprises, facilitant le maintien à domicile des personnes âgées en perte d'autonomie en les guidant dans un marché des gérontechnologies en pleine expansion.
C'est une piste vraiment intéressante, à laquelle je crois beaucoup.

Notre ville propose des solutions innovantes et respectueuses à l'égard de ses aînés, que je veux continuer de développer : le lien entre les générations est un garant du lien social dans son ensemble.
Je veux construire une ville bienveillante et apaisée au sein de laquelle les seniors ont toute leur place et surtout au sein de laquelle ils ont un rôle à jouer.




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