AIDANTS : REPIT...OU DEPIT???

Le projet de loi Autonomie devrait être mis en application à partir de 2016, un délai qui ouvre la possibilité de réfléchir sans la pression de l'urgence à d’éventuelles difficultés d’application de la loi. Le texte présenté ici par un aidant propose 3 idées relatives à la mise en application du nouveau droit de répit de l’aidant. Il plaide en particulier pour des explications claires concernant l'éligibilité d'un aidant à bénéficier d'une aide au répit, pour un délai extrêmement rapide de réponse à la demande et enfin, si l'aidant est éligible, que ce droit à répit lui reste attaché tant qu'il n'a pas trouvé la solution de répit adaptée.

Publié le 02 février 2015

Le « droit au répit » prévu dans la loi Autonomie est une avancée réelle, ce sera la première fois qu'un « droit » explicite au répit de l'aidant sera inscrit dans la loi, ce sera la première fois qu'une aide financière sera destinée aux aidants souhaitant prendre du répit. Pour que cette avancée sur le répit des aidants ne tourne pas au risque de ... dépit de ces mêmes aidants, trois suggestions nous semblent importantes à prendre en considération quand les services concernés s'attèleront à la rédaction des décrets d'application.

Première suggestion : informer complètement les aidants sur les conditions d'éligibilité

Même si la loi s'adresse à tous les aidants d'une personne de 60 ans et plus, il est vraisemblable que le budget affecté au répit des aidants ne pourra pas permettre de répondre aux demandes de tous les aidants de proches bénéficiant de l'APA à domicile, et sans doute aux seuls aidants de proches «classés» en GIR1 et GIR2, un nombre compris entre 100 et 150000 aidants. Cette « éligibilité » est importante à bien expliquer, faute de quoi les 4,3 millions d'aidants prenant soin d'un proche de 60 ans et plus peuvent se sentir légitimement habilités à formuler une demande, un afflux qui serait difficile à gérer au niveau des équipes départementales. 100000 ou 150000 aidants éligibles au droit de répit n'est pas un petit nombre, et tout le monde doit se réjouir de cette possibilité de répit donnée aux aidants qui en ont le plus besoin. Mais à condition que la règle du jeu soit claire, et que les ministres cessent de parler du droit au répit pour « tous les aidants ».

Deuxième suggestion : répondre sur l'éligibilité d'une demande de répit dans les 24 heures ouvrées

L'aidant attend le dernier moment avant de demander de l'aide. Ce constat est connu, et dans le cas de la demande de répit, il en sera de même, l'aidant attendra de craquer pour s'enquérir d'une possibilité d'aide pour prendre du répit. Ce comportement de l'aidant d'attendre le dernier moment pour demander une aide doit donc pouvoir être en quelque sorte «compensé» par les services en charge d'étudier la demande de répit avec l'objectif de donner une réponse dans les plus brefs délais, idéalement 24 heures ouvrées. La réponse immédiate «Oui/Non» vaudra toujours mieux qu'un délai long avant que l'aidant ne soit informé de la réponse donnée à sa demande, qu'elle soit positive ou négative.

Troisième suggestion : prévoir le cas où aucune solution de répit n'est disponible tout de suite pour l'aidant

L'éligibilité d'une demande de répit formulée par un aidant est une chose, la possibilité effective pour l'aidant de trouver une place d'accueil, ou les aides à domicile, pour la journée ou la période de temps souhaitée en est une autre. L'éligibilité de l'aidant à bénéficier d'un répit ne doit pas « risquer » d'être remise en question en raison d'un manque de place disponible d'accueil ou d'aides à domicile disponibles. Il nous semble important que cette éventualité soit soigneusement étudiée, car le budget affecté au répit de l'aidant, 78 millions d'euros, est un budget annuel et il ne semble pas qu'il laissera beaucoup de crédits non utilisés chaque fin d'année, d'autant que ce budget servira aussi à la prise en charge des aidés si leurs aidants sont hospitalisés. L'éligibilité d'un aidant à sa demande de répit devra lui rester attachée, aussi longtemps que l'aidant n'aura pas trouvé la solution d'accueil ou de remplacement à domicile adaptés.

Edouard B., aidant


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